Quels sont ces brouillards ces brumes descendus si brusquement ces foules nuageuses m’entourant et menaçant de me lyncher
les cornes de brume je les entends partant dans toutes les directions ne me donnant d’issue aucune
il n’y a rien à voir même si mon regard partout se déplace je sens les entailles glacées dans ma chair que me font ces foules compactes d’une humidité qui m’assiège
je pensais pouvoir marcher sur tes eaux fleuve Saint-Laurent mais je vais en m’engouffrant de balafres en estafilades
tends-moi une barque même si je ne saurai pas la diriger tends-moi une main aurorale même si je ne saurai pas la saisir
la nuit est si lourde tombée sur mes épaules d’un noir fait de trop d’étoiles brillantes à aveugler que mes genoux fléchissant ont percuté la dureté de tes eaux
ce n’est pourtant que l’été mais l’hiver sur le fleuve avec ses étals blancs s’y est installé il m’a offert des glaces que j’ai toutes refusées
cette douleur de vivre à sens unique elle était la ruelle avait l’air si belle pourtant
il a fallu que je recule sans rien n’y voir derrière et ce qui est curieux c’est que je n’en voie pas la fin
j’aurais voulu un pays à vivre le français comme une enseigne s’illuminant sur nos lèvres telle une lune laiteuse dans le ciel avec cette ligne large sur l’eau qui lui répond
pourquoi dites-moi lui tourner le dos comme si elle était honteuse et souillée préférant l’anglais pour un seul anglophone aborder
pourquoi les coups les balafres les estafilades qu’à nous-mêmes nous nous donnons
pourquoi mon pays si difficile à approcher et mes amours si difficiles à vivre dites-le-moi
© Marie Cholette, le 30 novembre 2011. Tous droits réservés.