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Le Mont Darfer

Le Mont Darfer d'Ejiom Suel à lire sans modération.

En vente chez ediivre.com

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Le petit nouveau "Au bout du compte"

né le 24 janvier 2011

chez edilivre.com  

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 11:08

Toute petite déjà, j’adorais me plonger dans des contes qui me sortaient de la réalité. Les revivant le soir dans le creux de mon lit, je tentais de chasser les fantômes et les sorcières qui peuplaient mon quotidien. Je m’environnais alors des fées et des princesses que j’avais rencontrées au hasard des pages de mes lectures de petite fille. Je fabriquais un réel roman qui pouvait m’emmener des semaines durant. Personnages et lieux imaginaires me devenaient si familiers que je leur parlais, je m’y promenais, allant jusqu’à leur demander conseil dans les moments difficiles. Tout un monde que je me créais et qui n’appartenais qu’à moi. Un monde où on m’aimait, où j’existais tout simplement. Et malgré toutes les ingratitudes, les déceptions, les heures tragiques, aujourd’hui encore, je tente de me créer une vie où je vais à ma guise. Une vie où je puise la force d’affronter celle des autres contre laquelle je ne cesse de me faire des bleus à l’âme, au coeur et au corps.

C’est ainsi que j’ai pris l’habitude d’exister sur papier, m’inventant des parents, des amis, des amants avec qui je peux enfin parler, auprès de qui je me sens moins seule, moins isolée.


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La solitude est mère de bien des maux avec lesquels il n’est pas aisé de vivre et plus elle tarde à venir, plus il est dur de l’accepter.



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Toute gonflée que j’étais d’une enfance heureuse et d’une jeunesse folle, je me croyais à l’abri de ses projets. Bulle d’air parmi des milliers de gouttes d’eau j’étais persuadée qu’elle ne pouvait me voir, mieux encore, ce n’est pas elle, c’est moi qui l’ignorait. 

Pauvre petite autruche qui croyait pouvoir construire son château sous la dune me voilà aujourd’hui prisonnière, encerclée, avec pour toute fortune le vide qui m’entoure et dont il faudra désormais me contenter. Mais comment vivre seule quand on n’y est point habitué ? Je panique, je m’affole en voyant cette compagne “indésirée” s’installer sans scrupules. Elle arrive sans prévenir et paradoxalement il faudrait être prêt pour que la réception se fasse sans bavure et quand je dis bavure je pense catastrophe... Car moins on lui laisse de place et plus elle s’entoure d’amis. Déjà j’entrevois la déprime et le désespoir prêts à venir frapper à leur tour à ma porte.

Que faire ?

Leur permettre d’entrer et me laisser dévorer par ces trois envahisseurs ?

La folie et la mort risqueraient alors de ne pas se faire attendre.

Et je ne veux pas mourir !

Je veux vivre !

Ce n’est pas la vie qui me déplaît!

C’est ce que les gens en font et la façon dont ils utilisent sans gêne et sans scrupules celle de leur contemporain !

Oh non la vie ne me déplaît pas, devrait-elle être éternelle que j’en serais ravie !

C’est si bon, la vie !

C’est si beau, la vie !


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Il est des matins, pareils à ce matin où tout me semble gris.

L’eau, le ciel, les arbres et mon humeur aussi !

Il est des matins pareils à ce matin où l’air me manque !

Les murs de ma maison ressemblent aux pierres de mon tombeau. Dès que la porte est refermée, je suffoque. le vide, l’absence et le silence m’étouffent, je me sens presque enterrée avant d’être morte. 

Il est des moments pareils à ce moment où personne ne m’attend et dont je n’ai rien espérer qui me font réaliser pleinement la solitude dans laquelle je me suis ancrée. 

Il est des moments pareils à ce moment où je ne sais plus très bien si j’existe encore pour quelqu’un...
Il est des instants, des éternités où je n’ai plus personne, personne à qui parler, personne qui puisse me faire écho...


Alors, à ces moments, à ces instants, pendant ces éternités où le cafard me pèse trop, je vais prendre mon cahier et mon crayon et je m’en vais. 

je m’en vais dans ce coin grouillant de monde dès les premiers beaux jours venus mais si calme en automne. Planche à voile, voiliers et canoë dorment en rang serrés le long de la jetée. Le rideau jaune du local a été tiré sur les fenêtres clauses dont lus un bruit, plus aucune musique ne s’échapperont avant le retour du printemps.


J’ai donc pris mon cahier et mon crayon pensant pouvoir écrire ici, assise sur la coque d’un des bateaux endormis. Mais mes doigts sont gelés et je dois me contenter de regarder autour de moi. Enregistrer les parfums, le climat, l’atmosphère dont il faudra me souvenir plus tard. J’ai donc posé mon cahier sur mes genoux, j’ai rangé mon crayon dans ma poche et j’ai ramassé, toute blanche, toute frêle, la plume d’un des cygnes que je vois flotter en face de moi à l’abri de la berge opposée. Comme j’aimerais le rejoindre. M’asseoir au creux de ses ailes et avec lui, ne plus rien attendre, ne plus rien chercher. Me laisser vivre au fil de l’eau, me laisser couler au fil des jours. C’est vrai qu’il serait bon parfois de tout laisser tomber. Effacer carrément l’ardoise et se perdre dans le noir sans but ni raison. Mais déjà une foule de problèmes m’assaille que je voudrais pouvoir oublier. Je suis perdue. Dépasser par des événements dont je ne parviens plus à mesurer l’importance. Ils s’entassent sur mes épaules comme la poussière sur mes meubles. Je tourne en rond, je cherche en vain la sortie de secours. Même le sas d’oxygène que j’ouvrais il y a si peu de temps encore, me fait peur. Je le vois rempli de gaz carbonique. Je me sens piégée, comme paralysée sans savoir d’où cela vient. Depuis trop longtemps déjà, je passe ma vie à attendre. 

Attendre quoi ?
  J’appelle ça de l’espoir !

L’espoir de quoi ?

Je piétine, je me perds, je me gaspille goutte à goutte repoussant l’échéance chaque jour au lendemain. Et plus je réfléchis, plus je m’enfonce dans un gouffre d’incertitudes, de désespoir. Ma logique s’effondre devant tant d’injustices, j’ai envie de crier à plein poumon... 

POURQUOI ?

Mais déjà je sais qu’aucune voix ne me répondra.

La vie m’attire et m’inquiète en même temps !

Je ne sais plus où elle commence ni où elle va finir !

Va-t-elle se briser sur quelques rochers acérés qui l’anéantiront ? Je maudis soudain ce trop long hiver qui n’en finit pas de  s’éteindre . Repoussant sans cesse le printemps de ses attaques sournoises. Gelées après gelées, neige molle sur brouillard. Déjà quelques  bourgeons tentent leurs feuilles frêles vers le ciel clair du matin et le vent du nord prend un malin plaisir à s’y faire les dents.

Je déteste l’hiver !

Noir, froid, sombre, humide, craquant et douloureusement insonore.

Avec ses jours gris trop courts et ses nuits sans fin qui résonnent encore du hurlement des loups de mon enfance. Chaque année cependant que les arbres se dépouillent, je me cache, je me calfeutre, je me recroqueville au fond de moi pour mieux me protéger d’un mal d’autant plus terrifiant qu’il m’est inconnu. N’osant mettre le nez hors de ma maison qu’au bord de l’asphyxie. Pareille à cette petite fille dont je me rappelle trop bien les angoisses chaque soir dès que la lampe s’éteignait. Elle remontait draps et couverture jusqu’au sommet de son plus haut cheveux. Préférant mourir de chaud plutôt que succomber face aux monstres nocturnes qui envahissaient les moindres recoins de sa chambre dès que la nuit s’y était installée.

Je supporte chaque hiver comme un réel fardeau. Une épreuve qui revient chaque année et dont la traversée représente plus qu’un véritable supplice.

C’est au vingt-et-un mars que l’année devrait naître, pas au premier janvier !

Existant pleinement au rythme des saisons, je me sens réglée sur elles, réglées par elles. 

Printemps, été, automne, hiver...

A trente ans je dois en être au centre de mon été, presque la moitié de fait !

Comme le temps passe vite !

L’automne sera bientôt là et il viendra aussi cet hiver tant redouté !

Ce grand frère qui un jour m’emportera sous son grand manteau de bure noire.

J’aimerais tant qu’il ne vienne jamais !

Mourir en n’importe quelle saison mais pas en hiver !

A n’importe quelle heure, mais pas la nuit !

Au printemps quand tout est à l’espoir, en été quand tout s’épanouit et se dore au soleil ou encore en automne la nuque contre un chêne et les pieds sur un coussin de feuilles rousses...


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